La corne issue des élevages de brebis et de chèvres est principalement utilisée par certains couteliers.La réhabilitation contemporaine du Cornicciolu est venue généraliser son usage dans un contexte où l'industrialisation de la coutellerie a participé à déconstruire ce lien entre artisanat et matériaux. Cet ancien couteau de berger, réalisé à partir de matériaux de récupération, était associé au travail du quotidien des agriculteurs (dépeçage, curage des onglons, vannerie,etc.). Si les couteliers perpétuent aujourd'hui cet héritage il convient de rappeler que pendant la seconde moitié du 20ème siècle, le couteau Vendetta, qui pourtant n'a pas de filiation au territoire, s'est imposé comme le véritable couteau corse, alors qu'il est principalement fabriqué en Chine.
Pour autant les modes de collecte des cornes et leur accès demeurent contraignants pour les couteliers qui ont aussi recours à des cornes issues d'Afrique du Nord, achetées auprès de grossistes spécialisés. Le syndicat des couteliers de corse encourage au travers de sa charte de qualité l'emploi des cornes issues des élevages insulaires. Le caractère local de la corne est mobilisé par les couteliers afin de valoriser une filiation avec la tradition pastorale en Corse. Loin de tendre vers une uniformisation de la coutellerie, l'usage de la corne traduit une diversité de colorations, de formes qui font que chaque couteau est une pièce unique. L'usage de la corne est aussi utilisé pour la fabrication d'instruments de musique à vent, la Pivana, et un jeune artisan d'Oletta perpétue encore ce savoir-faire.
Couteau Type Cornicciolu (Sainte Lucie de Porto Vecchio)
